Gérer ses émotions

 

Des émotions propres aux aidants

Lorsqu’on prend soin au quotidien d’un être cher, il est normal de faire l’expérience de toute une gamme d’émotions.

Certaines sont relatives à la maladie qui s’empare de notre proche, tandis que d’autres sont reliées à toutes ces tâches qui viennent transformer notre quotidien.

Peut-être vivez-vous de la tristesse de constater la détérioration de l’état de santé de votre proche, parfois de l’inquiétude, qui peut aller jusqu’à de l’anxiété, parfois de la colère et de l’agressivité d’être pris dans cette situation difficile, ce qui peut entraîner un sentiment de culpabilité.

Toutes ces émotions sont normales et il est important de les exprimer à un confident, une personne en qui on a confiance. Les garder pour soi a pour effet d’augmenter la sensation de fardeau reliée à votre relation de soins.

Le poids de la culpabilité

La culpabilité, est une émotion vécue par presque tous les proches aidants à un moment ou un autre de leur relation de soins. Si vous avez le sentiment de ne pas être à la hauteur, l’impression de ne pas faire correctement les choses, le regret d’avoir fait ou non quelque chose, il se peut que le poids de la culpabilité y soit pour quelque chose.

Vous n’avez pas à vous sentir coupable…

  • d’être en santé pendant que votre proche est si malade;de prendre du temps pour vous amuser, rire ou relaxer;
  • de vous sentir gêné face aux comportements de votre proche qui sont causés par sa maladie;
  • de ne pas avoir envie d’assumer toutes les responsabilités pour le bien-être de votre proche;
  • de penser à l’hébergement de votre proche;
  • de vouloir que ça s’arrête pour retrouver enfin un semblant de vie;
  • d’avoir eu des conflits avec votre proche avant sa maladie;
  • de ne pas avoir le goût spontané de prendre soin de lui;
  • d’avoir perdu votre sang-froid devant votre proche;
  • de ne pas y arriver sans aide extérieure;
  • de quitter votre proche pour quelques heures ou quelques jours.

Rôle de notre perception

Constater que notre proche (père, mère, conjoint ou autre) ne nous reconnaît plus, ou encore qu’il se comporte étrangement, peut engendrer de vives émotions et nous causer du stress.

Notre façon de percevoir les situations et les événements qui sont des sources de stress joue un rôle très important dans le maintien de notre bien-être et de notre qualité de vie. Deux situations semblables peuvent être interprétées de façons différentes par deux personnes : la première pourra y voir un défi; l’autre, une menace. On peut se représenter ce phénomène par l’exemple du verre qui, pour l’un, semblera à moitié vide, et pour l’autre, à moitié plein.

Ce phénomène explique, par exemple, que deux personnes d’une même famille ne ressentent pas les mêmes émotions face à l’hébergement de leur proche. Ces différences de perception peuvent produire à l’occasion certains conflits familiaux, et par conséquent du stress.

Cette différence de perception s’explique par une multitude de facteurs tels que nos croyances, nos valeurs, nos habitudes de vie, notre personnalité, nos stratégies habituelles pour faire face aux problèmes et nos connaissances.

Nous vous invitions à vous inscrire à la formation en ligne « Gestion du stress » afin d’en apprendre plus sur les méthodes permettant d’avoir un meilleur contrôle sur vos perceptions.

Schéma de la perception

Voici un exemple simplifié d’une situation qui peut créer une émotion positive ou négative selon la perception :

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Illustration inspirée de Burns, D. Être bien dans sa peau. Saint-Lambert : Héritage, 1994, 390 p.

Contrôle des émotions

Il est possible d’avoir un certain pouvoir sur nos émotions désagréables, et ce, en travaillant sur notre façon de percevoir les situations. Les principales émotions désagréables sont : l’anxiété, l’hostilité, la culpabilité, la tristesse et la peur.

Il ne faut pas oublier que certaines de celles-ci sont appropriées dans certaines situations : elles sont saines et font partie des étapes normales associées à certains événements de la vie. Par exemple, il est normal de vivre une grande peine à la suite de l’annonce de la maladie d’un être cher.

Par contre, certaines émotions désagréables sont nuisibles lorsqu’elles sont trop intenses en regard de la situation qui les a provoquées. Par exemple, si cela fait déjà 2 ans que je connais le diagnostic de maladie de cet être cher et que j’éprouve une peine aussi forte qu’au premier jour, cette peine peut alors être qualifiée de nuisible. Demander de l’aide à un professionnel de la santé pourrait alors vous aider à atténuer cette peine.


Source: Francine Ducharme et al., Chaire Desjardins en soins infirmiers à la personne âgée et à la famille, rév. 2015