La communication

 

Communication et troubles cognitifs

Si votre proche souffre de troubles cognitifs, la communication avec lui ne peut pas s’établir de la même façon qu’avant.

Il faut savoir que malgré ses problèmes cognitifs :

  • Votre proche possède une mémoire affective, c’est-à-dire qu’il peut se souvenir de l’émotion vécue sans se souvenir de l’événement ayant provoqué cette émotion. Exemple de Jeanne >>
  • Votre proche ressent votre état émotif. Vous pouvez donc lui communiquer, sans vous en rendre compte, votre anxiété, votre agitation, votre stress, votre tristesse. À l’inverse, vous pouvez aussi lui transmettre votre bonne humeur et votre joie. Exemple d’André >>
  • Votre proche désire communiquer même s’il en est incapable de la même façon qu’avant. S’il ne peut s’exprimer avec des mots, il le fait par ses comportements. Exemple de Witold >>
  • Votre proche est un adulte. Il est plus respectueux de ne pas s’adresser à lui comme à un enfant. Exemple de Mme Louisa >>
  • Votre proche a des périodes de lucidité malgré ses problèmes cognitifs. Vous devriez donc éviter de parler en sa présence comme s’il n’était pas là. Exemple de Richard >>
  • Vous ne devriez pas essayer de raisonner votre proche parce qu’il n’est plus en mesure de le faire selon la logique commune. Il serait donc préférable d’éviter toute obstination. Exemple de Simone >>
  • En plus des problèmes cognitifs qui peuvent perturber la communication de votre proche, sa condition physique (vision, audition, effets secondaires des médicaments, constipation) et sa condition psychologique (peur, anxiété, chagrin) peuvent rendre la communication plus ou moins facile. Exemple de Michèle >>


Les 6 clés de la communication

1. Établir une relation de confiance

Mon proche continue à éprouver des émotions même s’il ne les exprime plus comme avant. Il faut donc que j’établisse avec lui une relation chaleureuse inspirant la confiance.

2. Me rappeler les effets de la maladie sur ses comportements

Mon proche perd de plus en plus toutes sortes de notions : il oublie les normes, la bienséance, les façons d’agir, la fonction des objets, etc. Je ne dois pas montrer d’étonnement.

3. Chercher le sens de ses comportements

Les comportements de mon proche traduisent ses émotions, ses besoins, ses tentatives d’adaptation avec les moyens dont il dispose. Ils ne sont pas le fruit de la manipulation ou de la malice : il faut éviter tout jugement négatif.

4. Maintenir la cohérence et la constance

Comme il perd ses capacités d’adaptation, les routines quotidiennes servent de repères à mon proche. La cohérence entre mes paroles et mes gestes (faire ce que je dis et dire ce que je fais) ainsi que la constance dans l’environnement humain et physique sont essentielles.

5. Ajuster mes attentes aux capacités qui lui restent

Pour que mon proche ne soit pas sans cesse confronté à l’échec et que je n’aille pas de déceptions en frustrations, je dois placer mes attentes au niveau de ce qu’il est en mesure de faire.

6. Maintenir son autonomie le plus longtemps possible

Ses incapacités ne s’étendent pas d’un seul coup à tous les domaines d’activités. Je dois remarquer tout ce qu’il peut encore réaliser par lui-même et le laisser faire.


Capter l’attention de mon proche

Avant de lui adresser la parole, s’il ne me voit pas, je lui manifeste ma présence, soit en faisant un peu de bruit, soit en chantant. Il est toujours préférable de l’approcher par-devant, cela lui évite un sursaut.


J’élimine les bruits inutiles comme la radio et le téléviseur avant d’engager la conversation avec mon proche, je capterai mieux son attention.


Je bouge lentement et je me place face à lui. S’il est assis, je m’assois pour être à sa hauteur. J’établis un contact visuel et je le touche doucement, je ne devrais jamais engager une conversation dans un climat de précipitation.



Établir un climat favorable

Si mon proche n’a pas envie de m’écouter, je n’insiste pas et je reviens plus tard… si je m’obstine, le climat se gâtera : il vaut mieux attendre.

Je lui parle lentement, calmement, doucement, et je garde le contact visuel… si je lui parle fort et qu’il ne comprend pas ce que je lui dis, il croira que je suis en colère.

Quand c’est possible, j’utilise des objets liés à l’activité dont je lui parle. Par exemple, si je veux l’amener prendre son bain, je lui montre la serviette et son pyjama.

S’il ne comprend pas mon message, même si je crois le formuler en termes concrets :

  • je répète de la même façon;
  • je lui laisse le temps de répondre;
  • si mon message n’est toujours pas compris, je le formule autrement.

Je donne des messages verbaux et non verbaux compatibles.


Structurer mes conversations

Pour aider mon proche à me comprendre :

  • Je commence par lui annoncer le sujet principal de mon message.
  • Je ne change pas abruptement de sujet de conversation.
  • Je ne lui passe qu’un message à la fois, sa mémoire l’empêche de retenir plusieurs informations en même temps.
  • J’utilise des phrases courtes et des mots simples en évitant les longues explications.
  • J’utilise des prénoms et des noms dans la conversation, et non seulement des pronoms personnels comme « il » ou « elle ».
  • Je lui pose des questions précises, à choix limités et qui demandent des réponses courtes.
  • J’évite les phrases de forme négative : elles sont plus complexes à comprendre.


Être plus attentif

Quand mon proche me parle, je m’abstiens de l’interrompre.

Je lui laisse le temps de trouver ses mots et de finir ses phrases, mais je fais attention de ne pas laisser monter son anxiété.
J’essaie d’identifier les mots-clés dans ses phrases.

Si je ne comprends pas ce qu’il me dit, je ne fais pas semblant d’avoir compris : j’essaie d’identifier ce qu’il veut signifier en procédant par élimination. Par exemple : « C’est ce vêtement que tu veux ? Est-ce que tu veux manger quelque chose ? »

Je lui manifeste mon désir de le comprendre en me montrant sensible à sa difficulté de s’exprimer.

Par exemple : « Je sais que c’est difficile pour toi de trouver tes mots. Je veux comprendre ce que tu dis. Prends ton temps, ensemble on va y arriver ».


Source: Francine Ducharme et al., Chaire Desjardins en soins infirmiers à la personne âgée et à la famille, rév. 2015.