Après la chute

   

Nous connaissons tous et toutes les bienfaits de l’activité physique : non seulement notre corps ne s’en porte que mieux, mais aussi, comme le dit la chanson « c’est bon pour le moral »! Mais si certains exercices peuvent être bénéfiques, d’autres sont à déconseiller aux personnes qui ont été victimes d’une ou de plusieurs chutes.

Pourquoi ne peut-on pratiquer n’importe quelle activité après une chute?

Il faut se rappeler que la chute est causée par l’interaction de facteurs multiples; les interventions qui visent à réduire ces chutes doivent par conséquent être spécifiques aux problèmes rencontrés par la personne qui est tombée. C’est pourquoi les programmes d’entraînement en groupe, dans la communauté, peuvent difficilement s’appliquer à des personnes qui ont déjà vécu la douloureuse expérience d’une ou de plusieurs chutes. De tels programmes, dits préventifs, s’adressent en général à des aînés en bonne santé, désireux de se maintenir en forme.

La personne victime de chutes a donc besoin d’une prise en charge plus spécifique, plutôt qu’une simple prescription d’exercices; il est donc souhaitable qu’elle soit évaluée par un médecin et par un physiothérapeute, lesquels pourront ultérieurement lui conseiller un programme d’exercices personnalisé. Ce programme, qui tiendra compte à la fois de sa morphologie et de ses habitudes de vie, sera plus adéquat pour améliorer son équilibre et pour réduire ses risques de chute. Une fois le programme d’entraînement personnalisé complété, cette personne pourra alors suivre, selon l’avis du médecin ou du physiothérapeute, un programme d’entraînement en groupe.

Un exemple d’exercices pour repartir du bon pied!

Voici un exemple de programme de rééducation de l’équilibre qui a été développé par l’équipe de physiothérapie de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal. Des programmes semblables sont aussi offerts dans la plupart des établissements de santé du Québec (hôpitaux, hôpitaux de jour, CLSC).

L’HISTOIRE DE MADAME LEDUC

Comptable à la retraite, Mme Leduc, 70 ans, souffre de diabète insulinodépendant depuis 20 ans. Deux des conséquences de cette maladie sont une baisse de la vue et une neuropathie des membres inférieurs. Mme Leduc a fait une chute en voulant entrer dans un ascenseur : elle croyait avoir avancé la jambe droite alors que cette dernière était encore en arrière. Mme Leduc a donc fait un faux pas, est tombée et a été victime d’une fracture de la hanche.

Évaluée en physiothérapie, la patiente souffrait d’une importante perte de sensibilité aux membres inférieurs : lorsqu’on la touchait avec un tampon d’ouate ou avec un petit objet glacé ou chaud, Mme Leduc n’était pas en mesure de nous dire où et avec quoi on la touchait. Sa sensibilité superficielle était atteinte. Nous avons alors plié la jambe de Mme Leduc et avons demandé à cette dernière de nous dire, sans regarder, dans quelle position se trouvait sa jambe, ce à quoi elle a été incapable de répondre. Nous avons donc évalué sa sensibilité profonde. L’équilibre de Mme Leduc était affecté de façon significative, du fait qu’elle ne sentait pas ses jambes et qu’elle devait les regarder constamment lorsqu’elle se déplaçait. Un moment de distraction pouvait donc lui être extrêmement préjudiciable.

Le programme de rééducation que nous devions concevoir pour Mme Leduc devait par conséquent être spécifique à son problème de sensibilité. Le but était de stimuler les récepteurs sensitifs superficiels et profonds pour amplifier l’information donnée à son cerveau sur la position de ses membres inférieurs dans l’espace afin de maintenir son équilibre. Nous avons donc placé Mme Leduc debout, pieds nus, sur différentes textures de tapis, et lui avons demandé de se concentrer sur les sensations provoquées sur ses pieds par les différentes surfaces. Après quelques séances d’entraînement, Mme Leduc a été capable, grâce à l’information encore présente dans ses membres, de reconnaître la différence entre les textures. L’étape suivante consistait à transposer dans le quotidien de Mme Leduc la capacité de ses membres inférieurs, une fois ses pieds chaussés, à reconnaître l’information, faible mais encore présente. La solution? Nous avons introduit des semelles spéciales dans ses chaussures. Grâce à des pointes saillantes, celles-ci amplifiaient la sensation résiduelle au niveau des points de contact du pied avec le sol. Mme Leduc a donc pu repartir… du bon pied!