Un choix déchirant

 



Si le choix d’aller vivre en milieu d’hébergement pouvait toujours être fait par la personne âgée elle-même, cette épreuve aurait sans doute un impact différent sur les familles. Mais, si la personne âgée souffre de troubles cognitifs, il se pourrait que cette décision repose sur ses proches; ce qui impliquerait beaucoup de discussions et de réflexion et serait souvent difficile à prendre.

Penser à l’hébergement en centre de soins de longue durée pour l’un de nos proches n’est facile pour personne, surtout si nous en avons pris soin pendant longtemps…


Avant de repousser la solution qu’offre l’hébergement, posez-vous les questions suivantes :

  • Repousser le moment de l’hébergement est-il une bonne décision?
  • Faut-il attendre que survienne un événement qui vous mettra, votre proche ou vous, dans une situation alarmante?
  • Serez-vous un jour prêt à prendre cette décision?


Est-ce la solution?

La question de l’hébergement fait souvent référence aux valeurs familiales, aux codes moraux et éthiques. Il se peut que certains membres de la famille refusent d’envisager l’hébergement tandis que d’autres estiment que c’est l’unique solution.

Plusieurs aidants ont le réflexe de repousser le plus loin possible l’hébergement, car ils y voient un signe d’abandon de leur proche ou de séparation…


Il faut alors penser avant tout aux besoins actuels de notre proche, mais surtout, ne pas oublier aussi de réfléchir à ses besoins futurs :

  • Êtes-vous en mesure de les combler?
  • Pouvez-vous continuer à investir autant de temps et d’énergie sans mettre en péril votre propre santé?
  • Les soins dont votre proche a besoin demandent-ils des compétences que vous n’avez pas?

Si vous commencez à songer que l’hébergement serait peut-être une bonne solution à envisager pour le bien-être de votre proche et le vôtre, vous pouvez demander l’aide des intervenants de la santé et des services sociaux. Ils vous aideront à peser le pour et le contre. Il vous sera ainsi plus facile de prendre une décision éclairée et objective.


Une décision familiale

Même si vous avez pris soin de votre proche avec peu ou sans soutien de votre famille pendant longtemps, le processus de décision relié à l’hébergement se fait souvent à plusieurs, ce qui est difficile à vivre pour plusieurs aidants.

Pour les aidants qui songent à l’hébergement de leur conjoint, le consensus familial est généralement plus facile car les enfants adultes sont plus facilement d’accord avec la décision prise par leur parent aidant. On remarque qu’une grande solidarité réunit parfois les familles pour aider le couple à passer à travers ces moments difficiles.

Les intervenants de la santé et des services sociaux sont vos alliés afin de vous aider
à aborder les questions de l’hébergement avec votre famille et votre proche. Ils sont là
pour vous informer, vous accompagner dans le processus et vous rassurer. Consultez-les !

Pour les enfants aidants qui doivent songer à l’hébergement d’un parent, la situation est parfois plus complexe. Il est plus difficile d’en venir à un consensus car personne n’a une autorité officielle pour trancher dans le cas d’un désaccord. Des conflits familiaux peuvent alors survenir puisqu’il s’agit d’une décision morale et éthique difficile à prendre.


Encore la culpabilité

Vivre les étapes du processus d’hébergement est un moment difficile pour tous les aidants. Il est important avant tout qu’ils admettent leurs limites, avant que leur propre santé ne soit en danger.

L’hébergement d’un parent permet à certains proches aidants, de renouer avec leur rôle d’enfant ou de conjoint, qui s’était transformé, au fil des ans, en rôle de soignant…


En admettant leurs limites, plusieurs aidants vivent un sentiment d’échec, ont l’impression qu’ils n’ont pas été à la hauteur. Mais dans les faits, le temps et le niveau de soins demandés quotidiennement sont parfois trop élevés pour les familles.


La culpabilité est encore une fois le sentiment qui vient ajouter de la lourdeur au processus :

  • Culpabilité d’avoir choisi l’hébergement contre la volonté de son proche.
  • Culpabilité d’avoir pensé à sa qualité de vie au détriment de celle du proche.
  • Sentiment d’avoir abandonné son proche.
  • S’il s’agit d’un conjoint, sentiment de l’avoir trahi alors que nous avions promis de rester pour le meilleur ou pour le pire.

N’hésitez surtout pas à parler des sentiments que vous ressentez à une personne de confiance
ou aux intervenants de la santé et des services sociaux. Ils sont là pour vous aider à passer à
travers ces moments difficiles.
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Source: Francine Ducharme et al., Chaire Desjardins en soins infirmiers à la personne âgée et à la famille, rév. 2015.